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Le chômage baissera un peu en 2016 en France mais la question du chômage de masse reste posée

- L'Humanité, 27 avril 2016

27/04/2016

A la question "Le taux de chômage baissera t il en France d'ici a la fin de l'année ?", la réponse d'Emmanuel Jessua, directeur des études de Coe-Rexecode est "oui, mais pas beaucoup et pas longtemps". La croissance française est encore insuffisante et les effets du plan d'urgence pour l'emploi seront temporaires. Les causes structurelles du chômage de masse ne sont pas traitées.

Le taux de chômage baissera-t-il en France d'ici la fin de l'année? La réponse est probablement oui mais pas beaucoup et pas longtemps.

La croissance a connu un rebond à +1,2%, en 2015 et plus de 80.000 emplois marchands ont été créés, soit le rythme le plus important depuis la crise. Cette embellie a été toutefois trop modeste pour permettre une diminution chômage, qui reste stable à 10,1% depuis un an et demi en France métropolitaine, et nous n'anticipons pas d'accélération de l'activité pour 2016, compte tenu notamment de notre défaut persistant de compétitivité et de la poursuite de l'ajustement budgétaire.

Le plan d'urgence pour I'emploi annoncé par le gouvernement en février dernier permettra de provisoirement "enrichir la croissance en emploi" en abaissant le taux de chômage fin 2016 d'environ 0,4 point à 9,7% , maïs cet effet sera de courte durée. La prime à l'embauche dans les PME prendra fin des 2017, et on peut douter que le plan de formation de 500.000 chômeurs supplémentaires les oriente efficacement vers des métiers en difficulté de recrutement, en l'absence de réforme du système de formation professionnelle.

Car la question n'est pas tant de savoir si le chômage peut baisser en 2016 que de parvenir à vaincre un chômage de masse qui perdure depuis des décennies en France mais n'a rien d'une fatalité chez plusieurs de nos partenaires européens (...)

La difficulté de la France a intégrer l'ensemble de sa population active sur le marché du travail a des racines profondes : qualification insuffisante (comme l'attestent les enquêtes Pisa et Piaac de l'OCDE) d'une partie de la population, dégradation de la compétitivité des entreprises, réglementation instable et bridant souvent à l'excès l'activité et l'investissement par rapport aux objectifs de politique publique recherchés, salaire minimum élevé par rapport au salaire médian – ce qui complique notamment l'insertion des jeunes peu qualifiés sur le marché du travail -, fiscalité complexe et trop concentrée sur les coûts de production.

Ce chômage persistant a un coût économique et social. Le salaire minimum permet de contenir les inégalités salariales parmi ceux qui ont un emploi, mais le marché du travail français produit une inégalité pernicieuse entre les moins qualifiés, en particulier les jeunes, qui alternent périodes de chômage et de contrats courts, et les salariés qui parviennent à obtenir un contrat à durée indéterminée.

Au-delà du projet de loi travail, qui, s'il n'est pas dénaturé pendant son examen au Parlement, pourra atténuer ce dualisme, l'amélioration de l'efficacité des formations initiales et professionnelles sera cruciale pour diminuer le chômage et surtout pour éviter l'inscription durable d'une frange de la population aux frontières de l'emploi et du chômage...

 

L'intégralité de l'interview d'Emmanuel Jessua est disponible dans L'Humanité du 27 avril 2016.

Peut-on croire à une baisse du chômage d’ici à fin 2016 ? avec également les points de vue de Xavier Timbeau, économiste à l'OFCE et d'Anne Eydoux du Centre d’études de l’emploi et membre du collectif d’animation des économistes atterrés.

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