08/10/2020
Le plan de relance adopté par le Gouvernement français est davantage un plan de transformation de l’économie. S'il parait fondé, le choix d'une relance par l’investissement prend, par nature, plus de temps. Une relance globale de la demande serait par ailleurs peu efficace alors que le choc du coronavirus a un impact très hétérogène selon les secteurs. Les mesures de soutien doivent cibler les publics les plus touchés par la crise.
• France Relance fait-il la part trop belle à l’offre par rapport à la demande ?
Le choc que nous vivons est très hétérogène. On en connaît les perdants : certains secteurs d’activité, les contrats à durée déterminée, les indépendants… Adopter des mesures de soutien homogène à la demande, telles que la France l’a fait lors des précédentes récessions, serait inefficace. Une baisse temporaire de TVA, par exemple, comme l’Allemagne l’a décidé cette année, ne garantirait pas que les prix vont baisser. Il s’agit souvent d’une politique de restauration des marges des entreprises qui ne dit pas son nom. Pour porter leurs fruits, les soutiens à la demande doivent être très ciblés, au profit des publics les plus touchés par la crise.
• Entre mesures de court terme et de long terme, le plan de relance a-t-il trouvé le bon équilibre ?
Il s’agit davantage d’un plan de transformation de l’économie. Par nature, une relance qui passe par l’investissement prend plus de temps. Il faut trouver les projets, les instruire, débloquer les fonds. D’où l’insistance du gouvernement sur l’exécution. L’expérience des Programmes d’investissement d’avenir est instructive, avec 57 milliards d’euros promis pour financer des projets d’avenir mais seulement 25 milliards dépensés.
D’abord la question du chômage et son impact sur la demande des ménages. Nous estimons qu’à fin 2021, le PIB français se situera 5 points en-dessous de ce qu’il aurait été sans Covid. L’écart de l’emploi par rapport à son niveau initial serait en conséquence de 3,5 points, soit 800.000 destructions d’emploi, un niveau que nous n’avons pas encore atteint.
Un autre élément pèse sur la croissance, la dégradation des comptes extérieurs de la France alors même que notre facture énergétique s’est réduite de 20 milliards d’euros. C’est un élément nouveau par rapport aux précédentes récessions, qui tient à la structure de notre commerce extérieur, défavorable pour les biens (Airbus…) comme pour les services (tourisme…).
Enfin, il faudra être attentif aux enquêtes de crédit de la Banque de France et de la BCE, car c’est maintenant que les banques vont se montrer plus sélectives vis-à-vis des entreprises et des ménages.
Propos de Denis Ferrand, directeur général de Rexecode, recueillis par Alexandre Garabedian, rédacteur en chef de l'Agefi Hebdo
Article complet, Conjoncture, le coup d'arrêt, à lire dans l'Agefi hebdo du 8 octobre 2020