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Productivité : une amélioration probable en 2023, mais des risques pour les années à venir, selon l’OCDE

OECD Compendium of Productivity Indicators 2024 - OCDE, 29 février 2024

05/03/2024

Dans son rapport 2024 sur la productivité, l’OCDE estime que la productivité du travail a reculé aux Etats-Unis, dans la zone euro et globalement dans la zone OCDE en 2022. Elle reviendrait en territoire positif en 2023, avec une croissance moyenne de 1,4% selon de premières estimations. A court et à long terme, de nombreux risques pèsent sur l’évolution la productivité, à commencer par les tensions au Moyen-Orient ou la démondialisation.

L’OCDE présente dans son rapport annuel OECD Compendium of Productivity Indicators 2024 les tendances récentes et à long terme des niveaux de productivité et de la croissance dans les pays de l’OCDE et dans certaines économies du G20.

En 2022, les taux de croissance de la productivité du travail (mesurée en PIB par heure travaillée) ont été globalement négatifs aux États-Unis, dans la zone euro, et dans l’OCDE.

• Les taux sont négatifs mais stables par rapport à 2021 dans la zone OCDE (-0,5% à -0,7%) et la zone euro (-0,07%). En revanche, les États-Unis ont enregistré une forte baisse, de 1,4% en 2021 à -1,6 % en 2022, reflétant en partie le caractère anticyclique de la croissance de la productivité du travail. En outre, la forte création d’emplois sur la même période suggère qu’une partie des nouveaux emplois a été créée dans des secteurs à faible productivité.

Au-delà de ces moyennes, la croissance de la productivité du travail est très variable selon les pays : elle a été positive dans environ la moitié des pays de l’OCDE et négative dans l’autre moitié, avec des ampleurs variables. Le Portugal (de 1,3% en 2021 à 6,1% en 2022) et la Pologne (de 0,9% à 5,6%) ont été les plus performants. La productivité a légèrement baissé (de -1,7 à -1,9%) en France.

La croissance de la productivité globale des facteurs a également ralenti en 2022, et a même été dans certains cas négative, dans 10 des 24 pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles. Un ralentissement particulièrement marqué aux États-Unis, où la croissance de la PGF est passée de 1,7 % en 2021 à -1,6 % en 2022. A l’inverse elle a crû rapidement en Espagne, en Irlande et au Portugal.

 

Selon les estimations pour 2023, l’évolution de la productivité du travail en 2023 serait redevenue positive

Ces estimations basées sur 38 pays et obtenues à l’aide d’une gamme de modèles d’apprentissage automatique, "doivent être interprétées avec prudence" :

• La productivité du travail aurait progressé d’environ 1,4% en 2023 en moyenne dans les pays de l’OCDE (hors Turquie), un rythme proche de la moyenne sur longue période (2001-2019).

• La croissance de la productivité du travail aurait été modeste dans la plupart des pays européens et asiatiques de l'OCDE en 2023 (1,5% en Europe et 1,8% en Asie en moyenne). Elle serait très légèrement positive en France.

• La croissance de la productivité augmenterait considérablement aux États-Unis, passant de -1,6% en 2022 à 1,5% en 2023.

 

De nombreuses incertitudes pèsent sur l’évolution future de la productivité

Outre des tendances structurelles, telles que le vieillissement de la population ou le déclin de la concurrence, plusieurs chocs (Covid-19, intensification des tensions géopolitiques) pourraient avoir des effets potentiellement néfastes à long terme pour la croissance de la productivité.

Deux préoccupations majeures selon l’OCDE :

(1) à court terme, les tensions géopolitiques au Moyen-Orient. Si elles devaient se propager, elles entraîneraient d’importantes perturbations sur les marchés de l’énergie et sur les principales routes commerciales, ainsi que des risques accrus sur les marchés financiers, ce qui ralentirait la croissance et l’investissement et, par conséquent, la productivité ; (2) le blocage de la mondialisation, avec la montée du protectionnisme et la restructuration des chaînes de valeur mondiales, compte tenu de l’importance du commerce pour la productivité.

Dans le même temps, souligne l’OCDE, la numérisation, l’intelligence artificielle et la transition vers une économie verte offrent des opportunités de relance de la croissance de la productivité.

Synthèse par la Doc de Rexecode, accès au document par le lien ci-dessous.

OECD Compendium of Productivity Indicators 2024
OCDE, 29 février 2024

 

Voir aussi :

The impact of the COVID-19 pandemic and policy support on productivity
Banque Centrale Européenne – Occasional Papers Series N.341, mars 2024

La BCE évalue les conséquences à court et à long terme de la pandémie de Covid-19 sur la productivité en Europe, en comparaison avec les Etats-Unis et avec la crise de 2008, à partir de données macro, sectorielles et au niveau de l’entreprise.

A court terme, la productivité du travail par heure travaillée a augmenté temporairement, tandis que la productivité par salarié a diminué dans tous les secteurs en raison du recours généralisé aux programmes de maintien dans l’emploi.

La marge de croissance de la productivité a été réduite par l'effet des soutiens publics sur les entrées-sorties d'entreprises. Si les entreprises productives ont reçu plus de soutien que les non productives en 2020, elles ont eu moins recours aux aides par la suite. L’étude ne constate pas d'impact significatif durable des aides sur la zombification ou l'endettement des entreprises. Les confinements ont accéléré les changements dans les préférences des consommateurs (e-commerce) et les habitudes de travail (télétravail) avec des effets potentiels à long terme sur la productivité, mais les soutiens publics ont aussi évité des pertes définitives de compétences.

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