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La compétitivité française en 2023: le déficit extérieur se réduit mais l'attractivité plafonne

- N.89, Février 2024

31/01/2024

Olivier REDOULES

Après son record en 2022, le déficit commercial de la France s'est réduit en 2023, en partie grâce à la baisse du coût de l'énergie. Pour autant, il reste plus élevé qu'en 2019, d'abord parce que l'énergie importée reste plus chère, et surtout, parce que la France n'a pas regagné les parts de marché perdues. La compétitivité-prix des produits français reste affaiblie et la compétitivité hors-prix insuffisante malgré une qualité reconnue. L’attractivité de la France comme site de production semble plafonner en 2023 après une bonne année 2022.

Part de la France dans les exportations de la zone euro 2000-2023 (source Eurostat, graphique Rexecode)

Le 17e bilan annuel de la compétitivité française de Rexecode, constate qu’en 2023 le déficit commercial de la France se réduit par rapport à 2022. Il reste supérieur à celui de l'année 2019 d'abord parce que que les coûts énergétiques sont plus élevés, ensuite parce que la dégradation de la compétitivité s'est étendue à l’ensemble des produits manufacturés et des débouchés à l’exportation.

La France n’a pas retrouvé les parts de marché à l’exportation de 2019, aussi bien dans l’industrie que dans les services. La compétitivité-prix française reste affaiblie et la compétitivité hors-prix insuffisante, malgré la qualité reconnue des produits français.

L’attractivité de la France comme site de production s’est améliorée jusqu’en 2022, signalant un renouveau dans l’investissement industriel et une réception positive des réformes économiques. La France reste devant l’Allemagne et le Royaume-Uni en termes de projets d’implantations d’investissements étrangers en 2022, mais les premiers signaux sont moins positifs pour 2023.

Table des matières :

Un reflux partiel du déficit commercial en 2023, après le record de 2022

• Après un déficit commercial record en 2022, la France enregistre une amélioration en 2023 attribuable, en partie, à une résorption partielle du déficit sur les produits énergétiques. Cependant, le déficit demeure supérieur à celui de 2019, sur une majorité de catégories de produits.

• Les secteurs des biens manufacturés (hors énergie) et des services montrent une amélioration globale, malgré des contre-performances dans les produits pharmaceutiques et certains sous-secteurs de matériels de transport.

• En 2023, la France serait, selon les données disponibles pour les trois premiers trimestres, le seul grand pays de la zone euro présentant un déficit des échanges de biens et services. A ce titre, bien que le déficit global se soit réduit par rapport à 2022, il reste supérieur à celui de 2019, reflétant une perte de compétitivité sur le plan international.

Les parts de marché de la France à l’exportation restent inférieures en 2023 à leur niveau de 2019

• La part de la France dans les exportations mondiales s’est redressée en 2023 par rapport à 2022, cependant celle-ci reste inférieure à son niveau de 2019. Cette diminution reflète une croissance moins forte des exportations françaises par rapport au commerce mondial, tant en valeur qu’en volume.

• En 2023, le commerce mondial a connu une baisse par rapport aux niveaux records de 2022, dans le sillage de la baisse des prix de certains produits échangés, notamment les énergies et les matières premières, ainsi qu’une baisse de la production industrielle dans plusieurs économies avancées.

• La part de la France dans les exportations de biens et de services de la zone euro s’est stabilisée en 2023, mais reste en dessous de son niveau de 2019. Ainsi, en comparaison à l’année 2019, la France et l’Allemagne ont perdu des parts de marché au sein de la zone euro, au profit d’autres pays de la zone euro comme l’Irlande ou les Pays-Bas.

• La trajectoire des parts de marché à l’exportation de biens et services de la France est la plus défavorable parmi les grandes économies de la zone euro sur les deux dernières décennies.

Les déterminants de la compétitivité de la France en 2023 pour l’industrie manufacturière

• En 2023, les prix de production de l’industrie manufacturière française destinée aux marchés extérieurs ont augmenté un peu plus que la moyenne de la zone euro, suggérant une compétitivité-prix dégradée. Par rapport à 2022, les prix français ont augmenté à un rythme similaire à ceux de l’Allemagne et de l’Italie, mais plus rapidement que la moyenne de la zone euro. En 2019 et 2023, la hausse des prix français dépasse celle de ses principaux concurrents européens.

• En termes de perception de la qualité et du prix, les produits français sont généralement considérés comme de bonne qualité mais chers par rapport à cette qualité, ce qui affecte leur compétitivité hors-prix. A l’opposé, les produits allemands sont souvent mieux évalués sur la plupart des caractéristiques hors-prix, malgré des prix plus élevés, et sont perçus comme ayant un meilleur rapport qualité-prix.

L’attractivité de la France comme lieu de production

• Selon le baromètre EY, la France est devenue plus attractive que l’Allemagne et le Royaume-Uni en termes d’annonces de projets d’investissements étrangers depuis 2019, et l’était encore en 2022.

• La France est devenue la première destination des flux entrants d’Investissements Directs Etrangers (IDE) en 2022 parmi les grands pays de la zone euro, mais ce positionnement pourrait se dégrader à nouveau en 2023, les flux entrants vers la France ayant chuté sur la première partie de l’année.

• L'investissement dans le secteur manufacturier en France a connu une forte progression entre 2019 et 2022, en contraste avec les tendances observées dans d'autres grands pays européens comme l'Allemagne et l'Espagne.

Cette progression a permis à la France de rattraper une partie du retard accumulé en matière d'investissement industriel par rapport à ses voisins européens sur les deux décennies précédentes.

• Avec le redressement de la part de la France dans l’emploi manufacturier de la zone euro, cette augmentation suggère une inflexion positive de la position de la France dans le secteur manufacturier européen. Néanmoins, la part de la France dans la valeur ajoutée manufacturière européenne reste inférieure à son niveau de 2019.

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