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Présidentielle : "l’enjeu est d’analyser la cohérence du programme et de vérifier si le détail des propositions correspond à la vision du candidat"

- La Croix, 30 mars 2017

30/03/2017

Les candidats à l’élection présidentielle présentent des programmes de plus en plus précis. Même si l'exercice a ses limites, il permet de connaître les grandes orientations stratégiques des candidats et de les voir incarnées dans des mesures concrètes. L'enjeu pour les experts est d’analyser la cohérence du programme et de vérifier si le détail des propositions formulées par un candidat correspond à la vision qu’il défend.

"Les candidats à l’élection présidentielle présentent des programmes de plus en plus précis. Cela permet à la société civile et aux citoyens de se faire une idée de ces programmes, de leur chiffrage, de leur impact.

Il est important de connaître les grandes orientations stratégiques portées par les candidats. Dans le même temps, c’est une bonne chose qu’ils essaient de les incarner par des mesures concrètes.

Tout l’enjeu est d’analyser la cohérence d’un programme, de vérifier si le détail des propositions formulées par un candidat correspond à la vision qu’il défend. Par exemple, il y aurait une incohérence forte pour un candidat à mettre l’Union européenne au cœur de son projet et promettre de laisser filer les déficits.

Le fait d’avoir ces données permet aux experts de la société civile de faire ce travail d’analyse et de le porter auprès des citoyens.

Il est essentiel pour faire vivre le débat public. S’il est important d’avoir un certain degré de détail, la surenchère de propositions couvrant le plus de champs possible ne saurait tenir lieu de vision stratégique. Il arrive que des candidats livrent un véritable catalogue de mesures.

Dans ces cas-là, le programme est généralement d’autant plus incohérent qu’il contient de micromesures isolées les unes des autres. Et les objectifs poursuivis visent plutôt à répondre à des groupes sociaux qu’à des grands objectifs.

Ce travail d’analyse par des experts indépendants est aussi essentiel pour les chiffrages des programmes. Il permet d’éclairer un choix politique. L’enjeu est de pouvoir mettre en perspective les impacts des programmes, à court terme, à moyen terme…

La plupart du temps, les chiffrages sont erronés parce qu’ils s’appuient sur des fausses prévisions.
On est obligé de raisonner à politique inchangée. Il n’est pas possible d’anticiper des changements conjoncturels. C’était par exemple le cas pour 2008, la crise financière n’aurait pas pu être prévue.

Depuis les années 1980, aucun des présidents nouvellement élus n’a appliqué longtemps son programme.

Cela tient à plusieurs raisons. Il y a parfois des contradictions internes dans les programmes des candidats, c’est par exemple le cas de François Mitterrand qui, en 1983, fait le choix de privilégier l’Europe, ce qui était contradictoire avec le programme commun. Le plus souvent, ils sont confrontés à des contraintes économiques dont ils ne peuvent s’affranchir. En 1995, Jacques Chirac mène très vite une politique de rigueur, après s’être fait élire sur la fracture sociale. En 2008, Nicolas Sarkozy est rattrapé par la crise après avoir fait campagne sur le pouvoir d’achat. Et François Hollande fait très rapidement une politique de l’offre sans avoir parlé de compétitivité dans son programme."

Emmanuel Jessua, Directeur des études de Coe-Rexecode

Propos recueilli par Philippine Donnelly

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La Croix, 30 mars 2017

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