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Taux d’intérêt très bas : les gagnants, les perdants, et les opportunités pour la croissance (CAE)

Taux d’intérêt très bas : symptôme et opportunité – Conseil d’analyse économique, décembre 2016

13/12/2016

En France, les taux d’intérêt bas ont profité surtout aux administrations publiques et aux entreprises, au détriment des ménages et des sociétés financières. Selon le Conseil d’analyse économique, les taux d’intérêt très bas sont à la fois le symptôme d’une économie européenne en panne de croissance et une opportunité à saisir en France pour réorienter la dépense publique vers le long terme et réformer les politiques de l’épargne.

Les taux d’intérêt sont aujourd’hui très bas en France et pourraient le rester durablement. "Les causes en sont largement mondiales et européennes" selon le CAE : politique monétaire, ralentissement de la productivité, excès de demande pour les actifs "sans risque". Si des taux d’intérêt faibles encouragent la consommation et l’investissement et limitent l’endettement, cela n’est pas suffisant pour remettre l’économie européenne sur le chemin de la croissance. En outre des taux durablement faibles ne sont pas sans risques financiers (bulles spéculatives, fragilisation du secteur financier).

A qui la baisse des taux d’intérêt a-t-elle bénéficié en France?
La baisse des taux d’intérêt a eu d’importants effets redistributifs. Si l’on considère l’écart entre les intérêts payés entre 2007 et 2014 par rapport à ce qui aurait été versé si les taux étaient restés au niveau de 2007 :
• les administrations publiques et les entreprises ont économisé respectivement 143 Mds et 44 Mds d’euros sur la période.
• Les ménages sont à première vue perdants (-78 Mds d’euros) mais avec un impact variable : dans l’ensemble, les taux bas ont réduit les inégalités de revenus mais accru les inégalités de patrimoine.
• Les institutions financières sont également perdantes (-96 Mds d’euros).

Au niveau européen, le CAE propose de donner plus de poids à la Procédure pour déséquilibres macroéconomiques de la Commission européenne afin que les pays en excédent d’épargne comme l'Allemagne soutiennent davantage la demande, tandis que les pays déficitaires, comme la France, se concentrent sur le redressement de leur compétitivité. Les auteurs proposent aussi de favoriser l’investissement dans la transition énergétique ou la formation.

En France, la période de taux bas pourrait être mise à profit pour poursuivre l’ajustement budgétaire en finançant la modernisation des administrations publiques, et notamment les collectivités territoriales, et en encourageant la substitution de dépenses d’investissement aux dépenses courantes. Le CAE propose également de revoir les politiques de l’épargne pour l’orienter plus efficacement vers l’investissement de long terme.

Taux d’intérêt très bas : symptôme et opportunité – Note du Conseil d’Analyse économique - Xavier Ragot, Natacha Valla, Christian Thimann, N°36, décembre 2016

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