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L'Ocde évalue le coût d'un Brexit pour l'économie britannique à horizon 2030

- The Economic Consequences of Brexit: A Taxing Decision, Ocde, avril 2016

27/04/2016

L'Ocde publie aujourd'hui une évaluation quantitative des conséquences pour l'économie britannique d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, à court, moyen et long terme. Selon cette étude un Brexit produirait "un choc négatif majeur pour l’économie du pays et aurait des incidences pour tous les membres de l’OCDE, en particulier en Europe".

couverture étude Ocde Brexit

• Dans l'immédiat, des effets négatifs sur les conditions financières et la confiance

Selon l'Ocde, l'hypothèse d'un Brexit a d'ores déjà des effets négatifs sur les conditions financières et le climat des affaires, qui ne pourraient qu'être qu'amplifiés par sa réalisation. Ainsi, dès octobre 2015 le coût d'assurance de la dette britannique a nettement augmenté relativement ses pairs, même s'il reste loin des niveaux atteints durant la crise. Les accès de faiblesse récents de la Livre Sterling pourraient également être liés à la crainte d'un Brexit. Une crainte également palpable dans les enquêtes auprès des chefs d'entreprise et dans l'évolution récente de l'investissement.

• A court terme, un choc pour le commerce extérieur et la City

La sortie de l’Union européenne, qui pourrait être effective vers la fin 2018, priverait le Royaume-Uni d'un accès privilégié aux marchés des pays de l'UE mais aussi de ses 53 partenaires privilégiés. La conclusion d'un accord de libre-échange bilatéral avec l'UE d'ici 2023 ne réduirait que partiellement le coût total de la sortie du marché unique, en particulier pour les services financiers. Pour les autres pays, la négociation de traités commerciaux sera longue. Les éventuelles restrictions à la libre circulation des travailleurs européens constituerait également un choc négatif, l'Ocde estimant que l'immigration a contribué pour moitié à la croissance acquise depuis 2005.

Au total, l'Ocde estime que d'ici 2020 un Brexit réduirait le PIB du Royaume-Uni de 3%, soit un coût de 2200£ par ménage par rapport au maintien dans l'UE actuelle. Le maintien du Royaume-Uni au sein d'une Union réduite coûterait 1% de PIB.

• A long terme, une perte d'attractivité au coût grandissant quels que soient les scénarios

Selon l'Ocde, la sortie de l'UE aurait des effets durables sur l'économie britannique par le biais de trois canaux : les capitaux, l’immigration et un progrès technique moindre. En particulier, la productivité du travail serait pénalisée par une baisse de l’investissement direct étranger et par l’accès à un volume de compétences plus limité. Au total, en 2030, selon le scénario de référence, le PIB serait amputé de plus 5% (par rapport au maintien au sein de l'UE) et le montant de "l’impôt Brexit" atteindrait 3200£ par ménage (en prix actuels). En regard du coût pour les finances publiques, les économies réalisées sur les transferts au budget européen seraient faibles, de l'ordre de 0,3-0,4% du PIB par an.

The Economic Consequences of Brexit: A Taxing Decision
Rafal Kierzenkowski, Nigel Pain, Elena Rusticelli, Sanne Zwart
OCDE Policy Paper, 2016, avril, N.16

D'autres études récentes sur le Brexit :

 

The long-term economic impact of EU membership and the alternatives
HM Treasury, avril 2016
Les services du Trésor proposent une analyse de l'impact d'une sortie de l'UE pour les ménages britanniques. Le rapport compare la solution du maintien dans l'UE avec 3 autres options : adhésion à l'Espace économique européen ; accord bilatéral négocié ; participation à l'OMC sans aucune autre forme d'accord spécifique avec l'UE. L'étude chiffre ces alternatives et les juge toutes néfastes pour l'économie britannique.

The UK Treasury analysis of "the long-term economic impact of EU membership and the alternatives" : CEP Commentary
Center for Economic Performance, avril 2016
Analyse commentée du rapport du Trésor (ci-dessus) sur l'impact économique d'un Brexit. Si les auteurs trouvent que le Trésor a été trop prudent dans la plupart des ses hypothèses, ils considèrent globalement que ce rapport propose une analyse crédible en utilisant les meilleures méthodes d'estimation disponibles.

The Growth Effects of EU Membership for the UK : a Review of the Evidence
University of Warwick Working Papers Series, mars 2016, N.280, Nicholas Crafts
Ce papier propose une revue de littérature sur l'impact de la participation du Royaume-Uni à l'UE. Il conclut que les revenus tirés de l'adhésion à l'UE ont été plus élevés que prévu initialement. Ces effets positifs proviennent du développement du commerce au sein de l'UE et de l'impact d'une concurrence renforcée sur la productivité britannique.

Where next ? a liberal, free-market guide to Brexit
Open Europe, avril 2016
Ce rapport présente les recommandations d'Open Europe pour tirer parti d'un vote en faveur d'un Brexit. En cas de Brexit, le Royaume-Uni devra être en mesure, selon les auteurs, de mettre à profit cette liberté retrouvée pour compenser les coûts d'une telle décision, en développant le libre-échange et la concurrence.

Brexit - The Economic Impact : A Meta-Analysis
IW Report, Berthold Bush, Jürgen Matthes, avril 2016, N.10,
Ce document présente les résultats des études qui ont quantifié les effets économiques d'un Brexit pour le Royaume-Uni : l'écart entre les résultats est particulièrement large, l'impact sur le PIB allant de +12% à -20%. Cet écart peut s'expliquer par des différences de méthode et par les éléments pris en compte dans l'estimation. Les auteurs évaluent pour leur part les dommages économiques potentiels minimum à 10% du PIB. Un Brexit serait, selon les auteurs, un dangereux saut dans l'inconnu.

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