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Denis Ferrand : "la désindustrialisation de la France n'est pas inéluctable"

- La Croix, 12 septembre 2016

13/09/2016

L'annonce de la fermeture du site Alstom de Belfort relance le débat sur l’avenir de l’industrie et sur la politique industrielle. Interrogé par La Croix, Denis Ferrand souligne qu'après des années de faiblesse, l'investissement industriel repart en France. En matière industrielle, l'Etat doit avant tout jouer un rôle de facilitateur.

Altom La Rochelle © Alstom Transport

L’annonce de la fermeture du site Alstom de Belfort est-elle symptomatique d’une tendance française à la désindustrialisation?

La désindustrialisation a affecté ces dernières années tous les pays développés, qui ont vu la part de la valeur ajoutée produite par l’industrie se réduire, rapportée à la richesse totale.

En France, ce mouvement a été plus marqué que dans d’autres pays. L’industrie manufacturière pèse désormais 11,2% du PIB (en 2015) contre 22,8% en Allemagne, 15,8% en Italie et 13,3% en Espagne. Seul le Royaume-Uni est derrière à 9,8%

La France a enregistré, jusqu’à récemment, davantage de défaillances d’entreprises industrielles que de créations. Mais des chiffres du cabinet Trendeo, spécialisé sur cette question, indiquent une stabilisation au 2° trimestre 2016.

Après des années de faiblesse de l’investissement industriel en raison du recul des marges des entreprises, on observe aujourd’hui un réamorçage. Les investissements dans l’industrie ont commencé à rebondir en 2015 et pour cette année 2016, les chefs d’entreprise industrielles annoncent une hausse de 6% de leurs investissements.

Cette tendance est le fruit de plusieurs facteurs combinés : la baisse du pétrole, les faibles taux d’intérêt et des mesures de politique économique (comme le CICE ) qui ont permis de restaurer les marges. Tout l’enjeu à présent est que cette augmentation se traduise par une amélioration effective de la compétitivité et des gains de parts de marché.

L’industrie en France, ce n’est donc pas une histoire révolue ?

Si des patrons investissent dans l’industrie, c’est parce qu’ils anticipent une évolution positive dans l’avenir ! Encore une fois, le rebond industriel passe par la maîtrise des coûts et l’adaptation de l’appareil productif. La désindustrialisation en France n’est pas inéluctable car le contexte économique général est désormais plus favorable.

En matière de politique économique, l’important est de veiller à maintenir un terreau favorable : le dispositif de suramortissement va dans ce sens. Il a conduit un certain nombre de patrons à engager un investissement. Le CICE également, même s’il n’a pas intégralement compensé les précédentes hausses d’impôts appliquées aux entreprises. Il faudrait à présent le pérenniser. Car il est fondamental que la politique économique favorise la visibilité des chefs d’entreprise dans leurs décisions d’investissement.

Faut-il craindre une concurrence exacerbée en Europe, où l’industrie redevient un enjeu pour plusieurs pays?

La première ministre du Royaume-Uni, Theresa May, a annoncé cet été qu’elle dévoilerait un plan de réindustrialisation national à l’automne. Mais cela ne se fera pas du jour au lendemain, un tel processus nécessite des compétences, des savoir-faire qui ne s’improvisent pas. Le temps industriel est un temps long.

Quant à l’Espagne et à l’Italie, leurs produits sont perçus par les acheteurs comme étant de moins bonne qualité que les productions françaises, qui se rapprochent davantage de l’Allemagne. La France doit absolument confirmer ce choix de la qualité pour son industrie.

Propos recueilli par Marie Dancer

 

L'intégralité de l'entretien est disponible sur le site de La Croix : La désindustrialisation de la France n’est pas inéluctable, 12/09/2016

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