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Veille documentaire

Etudes, rapports, sources: la sélection de la semaine

image Markus Winkler on Unsplash

Le service Info-Doc de Rexecode propose exclusivement aux adhérents chaque début de semaine un bulletin de veille sur les enjeux économiques internationaux, les grandes zones et pays, les questions de politique économique, ainsi que des secteurs stratégiques.

Le document de la semaine, en accès libre, fait la synthèse d'une publication jugée particulièrement intéressante.

Document de la semaine

Sélectionné par la service Info-Doc de Rexecode, le Document de la semaine met en avant une publication présente dans le bulletin de veille heb...

    La Banque de France recherche les causes de la chute de la productivité depuis la crise Covid

    Comment expliquer les pertes de productivité observées en France depuis la période pré-Covid? BdF, mars 2024

    25/03/2024

    Une étude de la Banque de France analyse le déclin récent de la productivité du travail en France par rapport à sa tendance pré-Covid. Ce décrochage reflète surtout un rythme de créations d’emplois bien plus dynamique que celui du potentiel productif de l’économie française. Près de la moitié du recul reste cependant inexpliqué.

    Bulletin de la Banque de France N. 251/1 - mars 2024

    La productivité apparente du travail * décline depuis la crise sanitaire en France. Au 3° trimestre 2023, il reste un écart de -8,5% par rapport à la tendance pré-Covid, c’est à dire par rapport au niveau de productivité par tête qui aurait été atteint si cette dernière avait progressé selon la tendance de 2010-2019. Un décrochage qui "surprend par son ampleur et sa persistance", et par rapport à la moyenne de la zone euro (– 2,4% au 2° trimestre 2023).

    Un article du Bulletin de la Banque de France identifie un ensemble de causes, temporaires ou permanentes, permettant d'expliquer un peu plus de la moitié (4,9%) du décrochage productivité.

    Les facteurs durables expliquent 3,1 points de pourcentage du décrochage, dont le recours massif à l’apprentissage (1,2 pp), les changements de composition de la main d’œuvre (1,4 pp) et les effets des confinements ** (0,4 pp).

    Les facteurs temporaires expliquent 1,8 pp, la rétention de main-d’œuvre dans les secteurs confrontés à une baisse transitoire d'activité essentiellement (1,7 pp).

    Au final, une partie importante du décrochage, même liée à des facteurs durables, traduit plutôt un dynamisme de l’emploi, soutenu par les politiques publiques, qu’une perte du potentiel de production. D’autres facteurs ayant joué un rôle pendant la crise sanitaire, comme les arrêts maladie, l’activité partielle, la régularisation de travailleurs non déclarés ou le remplacement de travailleurs détachés par des employés locaux "ne contribuent plus, ou seulement de manière marginale".

    La Banque de France évoque "d’autres pistes possibles" puisées dans les estimations d'autres institutions, dont Rexecode

    Parmi les pistes non retenues dans son article, notamment "parce qu’elles n’ont pu être mises en évidence quantitativement", la BdF évoque un gain de parts de marché des activités intensives en main-d’oeuvre qui, s'il "n’est pas décelable au niveau des branches, pourrait se révéler substantiel à un niveau plus fin", l’augmentation du nombre d’emplois non salariés à faible durée du travail, ou encore des effets de coûts dans l'industrie.

    Dans son panorama des études précédentes, la BdF souligne que "seul Rexecode soutient le rôle prépondérant des effets de composition de main-d’oeuvre (-4 pp de productivité au 2° trimestre 2023 en incluant l’effet de l’apprentissage, ce qui est nettement plus important que les 2,6 pp retenus dans cette étude pour le cumul de ces deux effets)". Rexecode pointe aussi "le possible rôle de l’adaptation forcée des entreprises à la transition écologique, à la crise énergétique ou plus largement à l’évolution de leurs marchés mondiaux".

    Synthèse par la Doc de Rexecode, lien vers le document ci-dessous.

    Comment expliquer les pertes de productivité observées en France depuis la période pré-Covid ?
    Antoine DEVULDER, Bruno DUCOUDRE, Matthieu LEMOINE, Thomas ZUBER,
    Bulletin de la Banque de France N°251-1, 22 mars 2024

    * Productivité apparente du travail : rapport entre la valeur ajoutée produite et le nombre de personnes employées

    ** perturbation des chaînes de valeur et de l’apprentissage scolaire ou professionnel, éviction à long terme de l’investissement par la dette publique, etc.


    Voir aussi :

    Baisse de la productivité du travail dans l’industrie en France en 2023 : un constat et des leviers d’action
    Pauline LESTERQUY, Edith STOJANOVIC, Honorine DEKONINCK, Julien ZORY,
    Bulletin de la Banque de France N°251-2, 22 mars 2024

    Dans le cadre de son étude sur la baisse de la productivité apparente du travail en France depuis 2019, la Banque de France quantifie les différents facteurs qui peuvent affecter la productivité du travail dans le secteur de l'industrie manufacturière (emplois, heures travaillées, productivité horaire) et identifie les leviers et obstacles potentiels aux entreprises pour augmenter leur productivité. Elle s’appuie sur les résultats de son enquête sur les conditions de production, réalisée entre septembre et décembre 2023 auprès des entreprises de l’industrie manufacturière, et dont le bloc thématique portait cette année sur les évolutions de l’emploi et de la productivité du travail.

    En 2023, divers facteurs ont affecté la quantité et la productivité des heures travaillées dans l’industrie manufacturière, notamment l’absentéisme et les emplois vacants. L’alternance a de nouveau progressé dans 27% des entreprises, et la rétention de main-d’œuvre s’est accrue dans 11% des entreprises. Parmi les déterminants de la baisse de la productivité du travail depuis fin 2019, les entreprises ont cité : la hausse du coût des matières premières et de l’énergie (92%), des difficultés d’approvisionnement (40%), des problèmes de recrutement (81%), un manque de compétences (60%) ou de qualification du personnel recruté (43%).

    Les principaux leviers d’amélioration de la productivité, selon les entreprises, seraient "une meilleure adéquation de leur main-d’œuvre et l’investissement dans des équipements plus performants. Mais certaines s’estiment freinées par le manque de capacité financière, de compétences en interne ou encore l’incertitude réglementaire pour passer à la mise en œuvre".

     

    L’incidence des chocs récents et des changements structurels en cours sur la croissance de la productivité dans la zone euro
    Bulletin économique de la Banque centrale européenne, N.2/24, mars 2024

    Synthèse des résultats des travaux récents sur la productivité menés par un groupe d’experts du Système européen de banques centrales (SEBC), cet article examine d'abord l’incidence de la pandémie de Covid-19 et des mesures de soutien sur la productivité et la réallocation des ressources d’un secteur d’activité à l’autre et au sein des secteurs. Les aides auraient freiné mais pas empêché les réallocations favorables aux gains de productivité. A plus long terme, les effets de la crise sanitaire et des changements de comportements associés (dont le télétravail) sont difficiles à anticiper. Il analyse ensuite les effets potentiels des transitions numérique et verte sur la productivité. Une analyse empirique pour 6 pays de la zone euro montre que la croissance de la productivité des entreprises très polluantes baisse à mesure que la politique environnementale se durcit (hypothèse de Porter) mais cette dernière stimule l'innovation porteuse de gains de productivité à moyen terme.

    Désinflation et croissance modeste en 2024 selon les prévisions de l’Insee et de la Banque de France

    Note de conjoncture Insee, projections macroéconomiques Banque de France (mars 2024)

    18/03/2024

    Selon les prévisions économiques de l’Insee et de la Banque de France publiées mi-mars, le reflux de l’inflation se confirme pour 2024 et pour les deux années suivantes en France, ce qui favoriserait la reprise de la consommation. La croissance économique resterait toutefois modeste en 2024 et le taux de chômage poursuivrait sa légère hausse.

    Insee, Note de conjoncture, mars 2024

    • Selon la note de conjoncture de l'Insee, "en France, l’épisode inflationniste s’estompe": le taux d’inflation est tombé à +2,9% sur un an en février 2024 (contre +6,3% en février 2023) et ce reflux se poursuivrait (+2,6% attendus en juin).

    Les gains de pouvoir d’achat favoriseraient un relatif rebond de la consommation des ménages (+0,3% au 1er trimestre 2024 puis +0,4% les trois suivants), notamment pour les achats alimentaires. Les revenus de la propriété resteraient dynamiques tandis que l’augmentation modeste des salaires début 2024 après deux années de recul n’alimenterait pas de boucle prix-salaires. Le taux d’épargne se stabiliserait à un niveau élevé, entre 2 et 3 points au-dessus de celui observé fin 2019.

    La dégradation de leurs conditions de financement continue de peser sur les investissements des entreprises et ces derniers resteraient atones au 1er semestre 2024 (après -0,9% au 4ème trimestre 2023), notamment du fait du recul de l’investissement en biens d’équipement (-0,8% par trimestre).

    Au final, l’acquis de croissance à mi année pour 2024 en France serait modeste (+0,5%) selon l'Insee.

    D’ici mi-2024, l’emploi continuerait à progresser lentement (+40.000) si bien que, compte tenu de la hausse de la population active notamment sous l’effet de la réforme des retraites, le taux de chômage continuerait d’augmenter légèrement pour s'établir à 7,6% mi-2024 contre 7,2% un an plus tôt.

    Synthèse par la Doc de Rexecode, accès au document ci-dessous

    La reprise se fait attendre
    Insee, Note de conjoncture, 14 mars 2024

     

    • Selon les projections intermédiaires de la Banque de France, la croissance du PIB resterait modeste en France en 2024, à 0,8%, après 0,9% en 2023, avant d’accélérer en 2025 et 2026 (1,5% puis 1,7%). Des prévisions en légère baisse par rapport à celles de décembre 2023, en raison d’un moindre acquis de croissance à l’issue du 4ème trimestre 2023. Le rebond serait en revanche plus prononcé que prévu en 2025 et 2026, sous l’effet d’hypothèses plus favorables sur les prix de l’énergie et les conditions financières.

    Ces nouvelles projections de la BdF confirment le recul de l’inflation. Après 5,7% en 2023, l’inflation reculerait sensiblement pour atteindre en moyenne 2,5% en 2024, puis 1,7% en 2025 puis en 2026. En glissement sur un an, elle avoisinerait 2% d’ici fin 2024. La normalisation du prix des matières premières alimentaires et de l’énergie se poursuivrait. Le prix des services ralentirait plus tardivement, pour retrouver à l’horizon 2026 une inflation proche de sa moyenne 2002-2009 (à 2,6%).

    La BdF prévoit un ralentissement de l'augmentation des salaires nominaux à court terme, qui serait toutefois moindre que celui des prix, ce qui soutiendrait le pouvoir d’achat des revenus d’activité. En raison du tassement transitoire de l’emploi attendu en 2024-2025, le taux de chômage augmenterait légèrement fin 2025 (7,8%), avant de reprendre sa baisse en 2026 (7,5%).

    Projections macroéconomiques intermédiaires - Mars 2024
    Banque de France, Projections macroéconomiques France, 12 mars 2024

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